La naissance du sens
Boris Cyrulnik
Language: French
Pages: 114
ISBN: 2012788912
Format: PDF / Kindle (mobi) / ePub
La question de l'animalité de l'homme, qui préoccupe les sciences humaines et sociales depuis longtemps, est ici abordée dans une perspective qui récuse les réductionnismes, aussi bien sociologiques que biologiques, mais aussi le dualisme âme-corps hérité de la philosophie classique.
Boris Cyrulnik expose son point de vue original sur la psychologie de l'enfant, qui permet de reformuler complètement le rapport entre l'inné et l'acquis, et donne une contribution nouvelle à la question de l'inceste, débattue tant dans le domaine anthropologique que dans les écoles psychanalytiques.
que, s'il est indéniable que l'accès au langage crée un univers spécifiquement humain, il n'en est pas moins vrai que, avant de parler, l'univers humain se prépare par une foule d'aventures affectives, comme le face à face mère-enfant, l'apprentissage de la bipédie qui façonne nos fesses aussi sûrement que la parole façonne nos visages, créant ainsi les pré-requis anatomiques et affectifs de la parole. Les dompteurs ont depuis longtemps trouvé empiriquement des méthodes d'approche qui
simple : � Si elle ne m'a pas aimé, c'est que je ne méritais pas son amour. Je vais donc maintenant vivre sous le signe du sacrifice, donner tellement de moi qu'elle finira par m'aimer. » L'origine du masochisme se trouve sans doute là. Et la naissance du sens, sa venue à la parole, se trouve à ce point commandée par des relations affectives qu'il convient d'observer la genèse de cet ensemble. Or on peut constater que cette genèse se fait depuis l'origine dans un � bain de parole », pour
pêche. Ils confectionnent et utilisent également des éponges ; ils adoptent, si je puis dire, la < conduite d'éponge ». Après la pluie, de l'eau reste dans les troncs d'arbre. Mais pour boire cette eau, ce n'est pas facile car il leur faut entrer la bouche dans les anfractuosités : ils se servent donc de leurs doigts qu'ils sucent. Mais très vite, ils s'impatientent. Ils prennent alors des feuilles, les mâchent, les empilent dans le tronc, attendent un peu, puis les ressortent pour les presser et
sociaux ne parlent pas clairement. Devenant cafouilleux, nos rôles familiaux ne prescrivent plus de codes comportementaux clairs. L'indignation vertueuse n'explique rien et la punition ne prévient aucun inceste. Or, c'est nous-mêmes qui devons faire la culture, car nous en sommes tous responsables : dans nos gestes quotidiens avec nos proches, dans nos rituels sociaux avec nos voisins et dans nos récits quand on prend la parole. Alors, le cafouillis des représentations n'engendrera plus le
les rythmes scolaires dans un très grand nombre de pays, a décrit la sémiologie des hommes sans parole (les aphasiques, les autistes et les enfants sauvages), a permis de comprendre la structure du temps chez les âgés, d'observer comment l'apparition de la parole inventait un nouveau monde, d'évaluer l'effet de certains médicaments, de comprendre les mouvements de foule et de répondre à l'angoissante question : pourquoi nous grattons-nous l'oreille ? J'ai du mal à voir où est le crime dénoncé