Une question de discipline

Une question de discipline

Antoine Compagnon

Language: French

Pages: 187

ISBN: 2:00292561

Format: PDF / Kindle (mobi) / ePub


Après le succès d’Un été avec Montaigne, Antoine Compagnon s’inscrit à nouveau dans le sillage de l’auteur des Essais. Ces entretiens révèlent un homme au parcours atypique et d’une curiosité hors norme : du statut de la citation dans les textes littéraires à Proust et Brunetière, en passant par Montaigne et la littérature « antimoderne » de Joseph de Maistre à Roland Barthes.

On découvre l’enfance et l’adolescence de ce fils de militaire expatrié, qui a fait très vite des bibliothèques ses vraies demeures. Devenu polytech¬nicien, il se passionne pour la linguistique. Auditeur de Lévi-Strauss, Foucault et Lacan, il raconte ces années décisives et s’attarde sur son amitié pour Barthes et pour Marc Fumaroli. Il explique comment une discipline s’est alors imposée à lui dans les trois sens du terme : l’enseignement, la littérature et une certaine règle de vie.

Professeur au Collège de France, essayiste et romancier, voyageur infatigable, Antoine Compagnon jette aujourd’hui un regard rétrospectif sur les livres et les figures qui l’ont marqué. Il fait revivre avec brio et humour le Paris intellectuel des années 1970, mais aussi l’effervescence des universités anglaises et américaines. Il se prononce enfin sur la place des études littéraires en France, et sur la littérature contemporaine.

À propos de Antoine Compagnon

Antoine Compagnon né en 1950, est titulaire de la chaire de littérature française moderne et contemporaine au Collège de France. Il a publié, entre autres, La Seconde Main (1979), La Troisième République des Lettres (1983), Proust entre deux siècles (1989), Le Démon de la théorie (1998), Les Antimodernes (2005), La Classe de rhéto (2013). Jean-Baptiste Amadieu né en 1977, est agrégé de lettres, docteur en littérature française, et chercheur au CNRS.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

d’alpinistes, comme Annapurna, premier 8000 de Maurice Herzog, la conquête de l’Himalaya par la face nord. Tous ces livres exaltaient les garçons qui rêvaient de gloire. Ensuite, mes lectures les plus marquantes ont été dictées par ma sœur aînée, dont j’étais de deux ans le cadet. Elle a beaucoup orienté mon instruction durant toute mon enfance et mon adolescence, jusqu’à la classe de première, époque à laquelle nous avons été séparés. J’ai alors poursuivi mes études secondaires au Prytanée

Chaussées, ce fut juste après moi. L’immeuble, sorte de panoptique, comprenait donc quinze chambres donnant sur un vaste promenoir intérieur couvert d’une verrière. On y menait une vie monacale, mais on disposait d’une bibliothèque – aujourd’hui le bar de l’hôtel – et d’un billard. Les pensionnaires se retrouvaient pour déjeuner et dîner dans la salle à manger. Nous n’étions pas tous là, mais je garde le souvenir d’échanges intellectuels toniques entre les représentants des disciplines diverses.

l’intermédiaire de deux frères, Pedro et José Cordoba, qui étaient l’un à l’École normale supérieure avec Philippe, l’autre avec moi à Polytechnique, et qui sont toujours de proches amis. Depuis, nous avons été associés dans diverses entreprises, comme la revue Critique, où Philippe a pris, en tant que directeur, la succession de Jean Piel, qui m’y avait accueilli dès 1975. À la Fondation, j’ai aussi fait la connaissance de François Hartog, l’historien de la Grèce antique et de l’historiographie

entre deux conceptions de l’œuvre d’art. Le roman de Proust répond à un projet daté, lié au XIXe siècle, tout en le remettant en cause par le mouvement même de son écriture et en devenant plus critique et plus moderne. Lorsque Proust se met aux esquisses du Contre Sainte-Beuve, puis lorsqu’il passe au roman, à partir de 1908 ou 1909, il souhaite réfuter la conception de la littérature qu’il attribue, d’une manière un peu factice, à Sainte-Beuve et montrer qu’une œuvre est le produit d’un autre

n’apprécie rien tant que d’être impréparé à un livre nouveau que je découvre, à la manière des spectateurs refusant qu’on leur raconte le film pour le savourer pleinement. La pratique occidentale de la lecture solitaire et soutenue a eu un début et peut-être touche-t-elle à sa fin. Son développement a été lié à l’invention du livre imprimé et surtout à sa grande diffusion à partir du XIXe siècle, après que la révolution industrielle en eut réduit le coût de production et que les lois scolaires

Download sample

Download