Ravage
René Barjavel
Language: French
Pages: 171
ISBN: 2070362388
Format: PDF / Kindle (mobi) / ePub
'– Vous ne savez pas ce qui est arrivé? Tous les moteurs d'avions se sont arrêtés hier à la même heure, juste au moment où le courant flanchait partout. Tous ceux qui s'étaient mis en descente pour atterrir sur la terrasse sont tombés comme une grêle. Vous n'avez rien entendu, là-dessous? Moi, dans mon petit appartement près du garage, c'est bien un miracle si je n'ai pas été aplati. Quand le bus de la ligne 2 est tombé, j'ai sauté au plafond comme une crêpe... Allez donc jeter un coup d'œil dehors, vous verrez le beau travail!'
Jérôme retrouvait tous ses traits dans ceux de sa grand-mère maternelle. Petite et ronde, elle regardait son petit-fils d'un œil attendri, ses mains à plat sur ses genoux, ses pieds reposant sur un coussin ventru. Jérôme ne manquait pas, chaque jour, de lui rendre son regard affectueux, mais c'était avec un infini respect qu'il considérait les deux hommes au visage sévère, l'un livide, les joues plates, les lèvres minces, le nez long ; l'autre boucané, l'œil noir, les traits coupés de rides
l'obscurité. François lâcha l'inconnu, haussa les épaules. Tout cela n'avait d'ailleurs plus d'importance. La mort subite des moteurs rendait à l'homme et au globe terrestre leurs dimensions respectives. En une seconde, l'Amérique, tout à l'heure si proche, venait de reprendre sa place ancienne, au bout du monde. Si cet état de choses durait, nul ne saurait avant de longues années ce qui s'était passé là-bas ce soir. Chacun allait se retrouver dans un univers à la mesure de l'acuité de ses sens
Vous, vous en ferez autant avec les plus longues. Vous marcherez donc derrière moi. Je retiendrai à moi tout seul le fauteuil. Vous ne serez là que pour me doubler en cas d'accident. Si je perds pied, il faudra que vous reteniez Blanche, et l'empêchiez d'aller se fracasser en bas. Vous en sentez-vous capable ? Seita frissonna, mais fit un gros effort sur lui-même et répondit : – Vous pouvez compter sur moi. Le fauteuil fut installé à califourchon sur la rampe, le dossier vers le bas, et la
lorsqu'il tomba. Cependant, une main avait refermé la porte au bout du couloir. Narcisse jeta sa masse contre la porte, qui éclata. François et ses camarades se précipitèrent et n'eurent que le temps de rattraper deux hommes qui ouvraient une fenêtre pour s'enfuir. Ils les ficelèrent et les jetèrent dans le frigidaire. L'appartement comprenait encore trois pièces, dont deux bourrées de provisions de toutes sortes, et une autre occupée par deux rangées de matelas à même le sol. Après s'être
Le docteur Fauque promena ses doigts sur la surface froide de la porte, trouva la serrure, essaya la plus grosse clé. Le docteur pesa de tout son poids sur le lourd vantail qui s'ouvrit lentement, sans bruit. Derrière, c'était l'obscurité complète. François alluma son briquet. La faible lumière se multiplia sur les parois lisses d'un couloir aux murs de métal. Dans les deux murs, dix portes étaient percées. Elles portaient chacune un numéro. Au plafond pendaient deux diffuseurs de lumière,