L'art d'avoir toujours raison : Suivi de La lecture et les livres et Penseurs personnels

L'art d'avoir toujours raison : Suivi de La lecture et les livres et Penseurs personnels

Arthur Schopenhauer

Language: French

Pages: 62

ISBN: 2:00303457

Format: PDF / Kindle (mobi) / ePub


Vous avez tort mais refusez de l'admettre ? Avec perspicacité et humour, ce petit précis recense et analyse stratagèmes et ruses pour sortir vainqueur de tout débat, dispute ou joute verbale. Pour le plaisir des amoureux de la contradiction, Schopenhauer se livre à une savoureuse réflexion sur le langage et la dialectique. Ces précieux conseils, sarcastiques, sont suivis de deux essais tout aussi incisifs sur la pensée et la lecture : les livres nourrissent-ils notre réflexion ou nous empêchent-ils de penser par nous-mêmes ?

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

cette occasion et l’argument ad hominem. Ce stratagème est très instinctif, et les querelles du quotidien en sont la parfaite illustration. Si l’un reproche quelque chose à l’autre, l’autre ne lui répondra pas en se justifiant, mais en lui adressant à son tour des reproches, passant sur ceux qui lui avaient été faits, ce qui a valeur d’aveu implicite. Il réagit comme Scipion lorsqu’il attaque les Carthaginois non en Italie, mais en Afrique. À la guerre, la diversion peut fonctionner. Dans les

querelles, c’est une mauvaise stratégie, parce qu’elle passe sur les reproches reçus, et ne laisse rien paraître d’autre au témoin que les défauts des deux parties. Dans les débats, on l’utilisera faute de mieux. STRATAGÈME 30 Il s’agit de l’argument d’autorité (ad verecundiam) : il consiste à faire appel, plutôt qu’à des arguments rationnels, à des autorités reconnues, qu’on choisira en fonction du niveau d’érudition de l’adversaire. Chacun préfère croire plutôt que juger (Unusquisque mavult

serait d’ailleurs bien en peine de s’en servir. Le meilleur exemple est celui de ce curé français, qui pour ne pas avoir à paver le pas de sa porte comme tous ses paroissiens, invoqua une citation biblique : paveant illi, ego non pavebo13. Cela suffit à convaincre le bourgmestre. Les préjugés universels pourront également faire office d’autorité. En effet, la plupart des gens pensent, comme nous l’apprend Aristote, que ce qui paraît juste à beaucoup est forcément vrai (ἁ μεν πολλοις δοκει ταυτα

usage de ce stratagème face à l’Allemagne entière, avec le succès que l’on sait. Ces exemples étant particulièrement odieux, nous céderons la parole à Oliver Goldsmith, qui en donne un bel exemple au chapitre 7 du Vicaire de Wakefield14 : � Bien ! Frank, reprit le Squire : que ce verre m’étouffe, si une jolie fille ne vaut pas toutes les patenôtres de la création ! Dîmes et simagrées, qu’est-ce autre chose que du charlatanisme… et un charlatanisme démasqué… comme je puis le prouver ! – Oh !

souhaite, mais interrompre ou dévier le cours du débat avant qu’il soit trop tard, pour le mener à d’autres conclusions : autrement dit, procéder à une mutatio controversiae. On pourra également se référer au stratagème 29. STRATAGÈME 19 Si l’adversaire nous met au défi de contrer un certain point de son raisonnement, mais qu’on n’a rien de valable à proposer, on généralisera le propos pour lancer la contre-argumentation. L’adversaire veut que nous expliquions pourquoi on ne peut accorder de

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