La folie: Melanie Klein, ou le matricide comme douleur et comme créativité (Le génie féminin, Tome 2)

La folie: Melanie Klein, ou le matricide comme douleur et comme créativité (Le génie féminin, Tome 2)

Julia Kristeva

Language: French

Pages: 276

ISBN: 2:00244238

Format: PDF / Kindle (mobi) / ePub


Reconnaître la contribution majeure de quelques femmes exceptionnelles qui, de leur vie et leur oeuvre, ont marqué l'histoire de ce siècle, est un appel à l'unicité de chacun de nous, au dépassement de soi. Car au temps de la massification succède aujourd'hui le souci de singularité. Le Génie féminin s'inscrit dans cette perspective. Après Hannah Arendt : la vie, et avant Colette : les mots, voici Melanie Klein : la folie.

Adorée jusqu'au fanatisme dogmatique par ses disciples, honnie par ses détracteurs, Melanie Klein (1882-1960) apparaît comme la novatrice la plus originale de la psychanalyse. Alors que Freud centre la vie psychique du sujet sur l'épreuve de la castration et la fonction du père, Melanie Klein - sans les ignorer - les étaie d'une fonction maternelle, absente dans la théorie du fondateur. Pourtant, la mère ainsi révélée est loin de s'ériger en objet de culte, comme le prétendent trop facilement ses adversaires. Car c'est bien au matricide que Melanie Klein fut la première à penser. Capable dès la naissance d'un lien à l'objet (le sein, la mère), et habité de fantasmes aussi violents que réparateurs, l'enfant selon Melanie Klein a ouvert de nouveaux horizons à la clinique de la psychose et de l'autisme.

Pour avoir entendu plus nettement que quiconque l'angoisse, cette onde porteuse du plaisir, et élu le transfert et l'imaginaire comme terrains privilégiés de l'expérience analytique, Melanie Klein a fait de la psychanalyse un art de soigner la capacité de penser. Son oeuvre la situe ainsi au coeur le l'humanité pensante et de la crise moderne de la culture.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

redoutable privilège de nous situer au lieu le plus reculé où, lorsque se déchire la promesse de protection paternelle qui va de pair avec la protection transcendantale, le � roseau pensant � que nous sommes supposés être se confronte à une alternative dramatique qui est la version contemporaine de la tragédie. Nous en sommes réduits à osciller entre dispersion de soi et crispation identitaire, entre schizophrénie et paranoïa. Avec, pour seul voisinage certain, des mères paranoïaques, cruelles et

Société hongroise de psychanalyse. Cf. Julia Kristeva, � Psychanalyser au féminin. De quelques contributions à la théorie psychanalytique �, communication au colloque � 1896-1996 : 100 ans de psychanalyse � de l'Association internationale d'histoire de la psychanalyse, 25-26-27 juillet 1996, pp. 7 sq. (à paraître). 35 M K, p. 106. 36 Ibid., p. 104. 37 Cf. sa trad. fr. à partir de la version de 1921 dans le premier recueil de Melanie Klein, Essais de psychanalyse (1921-1945), Payot, 1967, � Le

concrètes, on les confond souvent avec des perceptions [...] : longtemps intimement associées à des réponses somatiques31. � Ultérieurement, au fil du développement, le visuel se met à � prédominer sur l'élément somatique �, les éléments corporels � souffrent d'un fort refoulement �, tandis que le visuel référé à l'extérieur, facilement désexualisé et désémotionnalisé, devient une � image � au sens strict d'une représentation � dans le psychisme � - le moi � se rend compte � qu'il existe des

tentative de renaître ! En 1920, elle a le courage de quitter Budapest et Rosenberg, en laissant Melitta et Hans, pour s'installer avec Erich à Berlin, non loin du domicile de Karl Abraham avec qui elle va continuer son analyse. Quelques années plus tard, la correspondance d'Alix Strachey, autre patiente de Karl Abraham, nous dépeint une femme transformée. Un soir, Melanie l'entraîne dans un bal masqué organisé par des socialistes21. L'élégante Anglaise du groupe très snob de Bloomsbury est pour

fait partie de cette autre classe de penseurs qui ont un laboratoire international et s'expriment dans un code universel. Sont-ils des mutants voués à disparaître, ou doués d'une étrangeté qui s'incurve dans des langues d'emprunt (l'anglais, ici) ? Cherchent-ils simplement à faciliter la tâche de l'intellect pour mieux se risquer aux frontières, aux impossibles ? Cette étrangeté linguistique, qui est tout autant une étrangeté de penser, peut paraître paradoxale pour une psychanalyste :

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