L'Affaire Sirven (édition enrichie)

L'Affaire Sirven (édition enrichie)

Voltaire

Language: French

Pages: 44

ISBN: 2:00366162

Format: PDF / Kindle (mobi) / ePub


Édition de Jacques Van den Heuvel.

Janvier 1762 : le corps d’Élisabeth Sirven est retrouvé dans un puits. Après une enquête à charge, les parents, protestants établis près de Castres, accusés de l’avoir tuée parce qu’elle s’était convertie au catholicisme, sont condamnés à être pendus. Convaincu de leur innocence et révolté contre une sentence 'si absurde', Voltaire s’empare de l’affaire.

Puisque il n’y a qu’'une famille entière réduite à la misère, cela ne vaut pas la peine qu’on en parle', ironise-t-il. Il en parlera pourtant avec obstination : pendant sept ans il refera le chemin qui l’a mené à la réhabilitation des Calas – autres protestants condamnés pour infanticide –, avec les mêmes étapes, et le même succès. Les Sirven sont acquittés en 1771.

À l’occasion de l’affaire Sirven, Voltaire rédige un nouveau Traité sur la Tolérance : l’Avis au public sur les parricides (1766), qu’on retrouve ici accompagné de ses lettres aux avocats et parlementaires en charge du dossier. Il grave ainsi, pour toujours, ce fait divers dans sa lutte contre le fanatisme, la superstition et l'intolérance.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

connaître les douceurs de la société, il fallait bien qu’ils la haïssent. Ils déploient entre eux une dureté dont chacun d’eux gémit, et que chacun d’eux redouble. Tout moine secoue la chaîne qu’il s’est donnée, en frappe son confrère, et en est frappé à son tour. Malheureux dans leurs sacrés repaires, ils voudraient rendre malheureux les autres hommes. Leurs cloîtres sont le séjour du repentir, de la discorde, et de la haine. Leur juridiction secrète est celle de Maroc et d’Alger. Ils enterrent

cloître dans le monde ont tous été persécutés par leurs confrères. Tout savant, tout homme de génie y essuie plus de dégoûts, plus de traits de l’envie, qu’il n’en aurait éprouvé dans le monde. L’ignorant et le fanatique, qui soutiennent les intérêts de la besace, y ont plus de considération que n’en aurait le plus grand génie de l’Europe ; l’horreur qui règne dans ces cavernes paraît rarement aux yeux des séculiers, et quand elle éclate, c’est par des crimes qui étonnent. On a vu, au mois de mai

eux que sont fomentées principalement ces haines religieuses qui rendent la vie si amère. Les juges qui ont condamné les Calas et les Sirven se confessent à des moines : ils ont donné deux moines à Calas pour l’accompagner au supplice. Ces deux hommes, moins barbares que leurs confrères, avouèrent que Calas, en expirant sur la roue, avait invoqué Dieu avec la résignation de l’innocence ; mais, quand nous leur avons demandé une attestation de ce fait, ils l’ont refusée : ils ont craint d’être

vingtième (perception des impôts). 3. Il s’agit d’une lettre ouverte, selon toute vraisemblance, adressée à Pierre Desinnocends, conseiller au parlement de Toulouse, et qui avait sans doute voté pour l’exécution des Calas. Avis au public sur les parricides imputés aux Calas et aux Sirven 1. Il s’agit vraisemblablement, non du mémoire définitif, qui tardera encore pendant dix mois, mais d’une esquisse. 2. Cet Avis est mentionné à la date du 15 septembre 1766 dans les Mémoires secrets de

suggère une note des éditeurs de Kehl (édition entreprise par Beaumarchais avant la Révolution) : � Cette brochure inconnue […] est vraisemblablement l’ouvrage du bon Needham, qui se croyant un grand homme parce qu’il avait regardé du sperme et du jus de mouton par le trou de son microscope, s’était mis à dire son avis à tort et à travers sur l’autre monde et sur celui-ci » ? 10. Un malheureux fanatique : Damiens. Son attentat, qui frappa de stupeur la nation, et indigna Voltaire, mit quelque

Download sample

Download