Alcools: Poèmes 1898-1913

Alcools: Poèmes 1898-1913

Guillaume Apollinaire

Language: French

Pages: 324

ISBN: 1272211304

Format: PDF / Kindle (mobi) / ePub


Edition enrichie (Introduction, notes, dossier et chronologie)

Placés sous le signe du temps qui passe, les poèmes d’Alcools récréent tout un monde : celui des lieux où son existence a conduit leur auteur et dont ils entrecroisent les souvenirs, comme celui de ces grandes figures féminines qui ont traversé sa vie. Mais ils sont en même temps imprégnés d’une culture à la fois populaire et savante qui permet au poète de recueillir l’héritage du passé tout en s’ouvrant à la modernité de la vie ordinaire – les affiches ou bien les avions. On aurait ainsi tort de croire que ce recueil où s’inaugure la poésie du XXe siècle soit, à sa parution en 1913, un livre de rupture. Nourri de poèmes anciens aussi bien que récents, le chant que font entendre ceux d’Apollinaire, à l’oralité si puissante, tire ses ressources du vers régulier comme du vers libre, et il ne s’agit pas pour le poète de céder au simple plaisir du nouveau : seule compte ici sa liberté et ce que lui dicte la voix inimitable d’un lyrisme qui n’a pas cessé de nous toucher.

Édition présentée, annotée et commentée par Didier Alexandre. Chronologie de Laurence Campa.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

l’épisode du Pantagruel de Rabelais où Panurge se venge, lors de � la grande fête du corps-dieu », d’une � dame parisienne » qui l’a éconduit, en répandant dans les plis de ses vêtements une drogue faite à partir des organes génitaux d’une � lyrisque orgoosque », d’une chienne en chaleur ? � Tous les chiens qui estoient en l’église accoururent à ceste dame pour l’odeur des drogues que il avoit espandu sur elle. Petitz et grands, gros et menuz, tous y venoyent tirans le membre et la sentens et

par une faille sous-marine. Apollinaire amalgame ici à l’épisode de Scylla celui des Sirènes, créatures fabuleuses, mi-femmes, mi-oiseaux. 9 Ce vers apparaît dans le poème acrostiche à René Nicosia, ami d’origine sicilienne d’Apollinaire (Po, p. 718). 10 Sur la � liberté végétale », voir p. 179 � Poème lu au mariage d’André Salmon ». 11 Allusion à la querelle qui opposa le pape Grégoire VII à l’empereur germanique Henri IV (1050-1106), qui portait les trois couronnes électives de Germanie,

� épater ». Les poètes d’aujourd’hui répandent leur poésie : ils nous rendent beaux. C’est au prix de quelque effort, mais avantageux, et qui écarte le profane. Je ne puis, dans un article forcément rapide, approfondir les diverses questions d’art que pose ce livre, important entre beaucoup. C’est une œuvre et l’on se doit d’en reparler. Je laisse donc de côté � l’artiste » pour considérer un instant, chez Apollinaire, la source de sa poésie. C’est le poète, à coup sûr un des plus grands

Alcools � La dame ». Pour te guider ô toi que j’aime Vois la veilleuse est allumée Sont clos mes yeux tout pleins de gemmes Ouvre tes yeux puisque tu m’aimes Ouvre pour moi tes yeux fermés Mets de l’huile dans la veilleuse J’ai perdu la clef de mes yeux Mes yeux aux pierres précieuses Cherche la clef prends la veilleuse J’emporte la veilleuse adieu Oh je ne veux pas que tu sortes L’automne est plein de mains coupées Non non ce sont des feuilles mortes Ce sont les mains de ceux qui

nature avec laquelle il ne doit avoir rien de commun ». Si l’amour et le récit dramatique et sentimental demeurent présents dans ces pièces qu’Apollinaire tenait pour les plus achevées de son recueil, ils sont les matériaux et les préalables douloureux, voire sacrificiels, nécessaires à l’accès à un idéal de beauté et d’ordre qui exige effort et travail. Telle est bien la conclusion du poème � Cortège », qui répond à l’esthétique mise en place dans ces années par le poète : l’écart est creusé

Download sample

Download