Agrippine : Sexe, crimes et pouvoir dans la Rome Impériale
Virginie Girod
Language: French
Pages: 301
ISBN: 2:00300724
Format: PDF / Kindle (mobi) / ePub
Agrippine la Jeune appartient à la lignée des femmes dangereuses, des empoisonneuses, des séductrices, entre Médée et Lady Macbeth. Son plus grand crime ? Avoir porté un monstre à la tête de Rome ! Car Agrippine la Jeune est la mère de Néron, le tyran qu’on accusa de tous les vices, le premier persécuteur des chrétiens. Pour déposer la couronne de lauriers sur la tête de son fils et gouverner Rome à ses côtés, Agrippine souilla ses mains du sang d’innocents, s’offrit à des hommes de toutes conditions pour mieux les manipuler. Hélas, Néron, une fois son pouvoir bien établi, assassina sa démiurge de mère. Mais l’historiographie est trompeuse. Derrière la criminelle sensuelle, derrière la mère indigne, se cache une femme résiliente et intelligente, une femme politique redoutable, déterminée et machiavélique. Le destin d’Agrippine est incroyable. D’illustre naissance, descendante à la fois d’Auguste, de Marc Antoine et de Jules César, elle révolutionna la fonction d’impératrice et prit part au gouvernement de Rome envers et contre tous en dépit de sa condition de femme. Et si c’était là sa plus grande transgression ?
rumeur prétendait également que Milonia Caesonia lui avait fait boire un philtre d’amour qui l’avait rendu fou53. Il semblerait plutôt que la mort de Drusilla ait achevé de rompre le fragile équilibre de sa santé mentale. Drusilla morte, Lépidus demeurait l’héritier présomptif de Caligula. Il est d’ailleurs le seul époux d’une princesse à figurer dans le Sebasteion d’Aphrodisias54, ce temple construit en Carie (actuelle Turquie) en l’honneur d’Auguste, commencé sous le règne de Tibère, dont les
couple, ou du moins Claude, ne se mariait pas le cœur léger. Si Agrippine avait arraché le consentement de Claude par le sexe, il n’aurait pas tant hésité à célébrer le mariage. Il devait sincèrement penser qu’il protégeait les intérêts de la Domus Augusta et de son propre principat. Nous formulerons même une hypothèse plus audacieuse encore. Si Claude et Agrippine se mariaient pour des raisons politiques en sachant pertinemment qu’ils commettaient un inceste et que la Domus Augusta avait
accidentellement ou non, une amanite phalloïde, un champignon à la saveur délicate mais parfaitement mortel, souvent confondu avec d’autres types de champignons comestibles. Toujours selon Veronika Grimm-Samuel, la description de l’agonie de Claude correspondrait aux symptômes relatifs à un empoisonnement à l’amanite phalloïde158. Aujourd’hui, l’analyse des textes anciens, écrits plusieurs décennies après la mort de Claude, ne permet pas d’identifier de manière certaine l’espèce de champignon
aussi chaste que son apparence le laissait supposer. Elle avait de nombreux amants qu’elle choisissait non pas en fonction de ses caprices, mais de ses intérêts. Aussi, lorsque son mari fut éloigné du palais, elle se laissa le temps nécessaire pour retrouver un amant digne de ses ambitions100. Il semblerait qu’elle connût d’abord Othon, le futur empereur, qui était alors un ami intime de Néron101. Par son intermédiaire, elle aurait rencontré l’empereur qui était d’environ sept ans son cadet102.
particulièrement visible dans L’Apocoloquintose. Voir à ce sujet CIZEK E., � L’Apocoloquintose, pamphlet de l’aristocratie latine », art. cité, p. 296. 52. TACITE, Annales, XIII, 5. Agrippine s’opposait à la mesure qui visait à exempter les questeurs désignés de donner des combats de gladiateurs car cela était contraire aux volontés de Claude. 53. TACITE, Annales, XIII, 5. 54. TACITE, Annales, XIII, 12. 55. SUÉTONE, Néron, 28. Selon l’auteur, Néron aurait songé à épouser Acté et aurait